Cheveux gris, têtes blondes, on vit dans quel monde?

C’est comme l’Arlésienne version vaudoise: on manque cruellement de places en EMS et surtout de crèches pour l’accueil des plus petits. Depuis des années, ce sujet est brassé sans solution présentable au vu de l’urgence des situations. Le personnel du domaine social et éducatif a manifesté plus d’une fois sa fatigue et son désarroi. Le maintien à domicile des aînés est une bonne solution mais il requiert du personnel qualifié et disponible. La sédation des pensionnaires est un pis-aller. Le mal-être est réel. À une époque où des données démographiques, souvent alarmantes quant au vieillissement de la population, sont à disposition, la vision politique de l’avenir est mal cernée.

Que dire du nombre d’enfants à accueillir en crèches et garderies avant la scolarité? Le grand argentier Pascal Broulis s’est enorgueilli, dans une conjoncture florissante, de développer l’économie en attirant nombre d’entreprises: démographie explosive assurée car ce sont bien des humains qui se rendent à leur travail. Aucun congé parental de longue durée n’est au programme pour faciliter la garde des enfants comme dans les pays nordiques.

Par conséquent, ce sont les lieux d’accueil qui doivent répondre à la demande, ce d’autant que les femmes, par choix ou obligation, sont encouragées à travailler. Dans 83% des ménages, les deux parents travaillent. Et le placement de leurs enfants engloutit le tiers d’un revenu moyen. Lire inlassablement que les parents sont sur des listes d’attente pour placer leur enfant n’est pas digne d’un pays, d’un canton évolués.

On parle aussi de revaloriser l’accueil familial, soit de mieux rétribuer les mamans de jour. Une louable proposition car les personnes qui ont la garde de plusieurs enfants ont le même salaire horaire qu’une femme de ménage: casser un vase ou manquer d’attention à la garde d’un enfant, est-ce comparable?

«Crèches trop rares et trop chères: un scandale suisse», s’écriait récemment la chanteuse Sophie Hunger au retour de l’étranger. Elle se posait une judicieuse question: combien de conseillers aux États, Conseil composé à 74% d’hommes, moyenne d’âge proche de 60 ans, savent combien coûte une place en crèche? Ce même Conseil a en effet renvoyé à plus tard un projet visant à alléger financièrement la facture parentale des frais de garde. Les parents suisses sont bien patients et disciplinés!

Du perdant-perdant

Alors que les Chambres refusent de toucher au budget militaire, que les subventions à l’agriculture sont peu impactées malgré le gaspillage alimentaire, que les milliards pour sauver les banques privées sont allongés séance tenante, on retient les sous depuis des années pour aider les parents à concilier travail et famille. Du point de vue social et économique, c’est du perdant-perdant. Contrairement à ce que certains milieux laissent croire, les enfants ne sont pas une affaire privée. Tout notre système politique et social repose sur l’émergence des nouvelles générations. Et par conséquent sur l’engagement des (nouveaux) élus!

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